Les livres du lundi: Eleanor and Park et Fangirl

e&p&fangirl

de Rainbow Rowell

A force de voir leur couverture partout sur les réseaux sociaux, je me suis dis que j’allais voir ce que ça donne (non, je ne suis pas du tout influençable).

J’ai commencé par Eleanor & Park.

Eleanor, rouquine bouboule à la vie familiale désastreuse, rencontre Park, coréano-américain fan de comics et de musique, dans le bus qui l’emmène à son nouveau lycée. Ce n’est pas l’amour au premier regard et c’est ça qui rend l’histoire si belle.

J’ai beaucoup aimé le style subtile et intelligent de Rowell qui arrive à faire comprendre les changements d’émotions et les situations délicates avec finesse. Sans avoir besoin de tout dire, elle manipule l’atmosphère très habilement.

J’ai aimé que les personnages aient plein de défauts, de ceux qui vous font craquer, des blessures, des cicatrices invisibles qui les rapprochent de la réalité et qui font que même s’ils sont énervants parfois, on les aime et on les soutien. J’aime les ados abîmés (on le saura!)

Et surtout, peu importe que je grandisse (ou vieillisse, maintenant), peu importe si je passe une mauvaise semaine et que j’enrage contre le monde ou que je sois heureuse et bien dans mes ballerines, si c’est bien écrit, je ne me lasserai jamais, jamais, de lire comment deux êtres tombent amoureux l’un de l’autre.

C’est la plus vieille histoire du monde, la plus simple des idées mais à chaque fois, pour les personnages, c’est un moment unique, magique. Alors, cette fois encore, je me suis laissée emporter.

Le tout dans une ambiance années 80 (j’avais Pretty in Pink dans la tête pendant toute la lecture). L’époque de The Cure, des cassettes audio et des cheveux permanentés, sans téléphone portable… et même si je ne suis pas fan de cette période, je dois avouer qu’ici cela donne un certain cachet à l’histoire, cela la rattache au monde.

J’ai aussi apprécié que ce livre soulève des questionnements sur les genres (Est-ce qu’on n’est pas vraiment un mec si on ne sait pas conduire avec une boîte manuelle??), la beauté (« She never looked nice. She looked like art, and art wasn’t supposed to look nice ; it was supposed to make you feel something »), les origines (« I don’t know what it means to be Korean »), le tout parsemé de références geeks (est-ce que les X-Men sont sexistes?).

Vous l’aurez compris, j’ai passé un super moment. Tellement super que j’ai lu le livre d’une traite au prix d’une nuit blanche.

Puis j’ai lu Fangirl dans la foulée.

Cath et sa jumelle Wren entrent à la fac. La première espère pouvoir continuer sa vie sans trop de changements, aller en cours, écrire sa fanfiction sur Simon Snow (une des plus appréciée de la toile dans le livre et un bel hommage à Harry Potter IRL) et aimer platoniquement son « non petit copain » à distance. Mais sa sœur ne voit pas les choses de la même façon ce qui risque de bien chambouler les plans de Cath.

Comme dans son précédent roman, Rowell se distingue toujours dans la construction des personnages et la manipulation de l’atmosphère mais cette fois, malgré la très belle histoire d’amour et des conflictuelles mais non moins fortes relations familiales, ce qui m’a le plus intéressé dans Fangirl c’est le rapport d’un auteur à son art.

Le processus de création par l’écriture est (comme pour toute autre forme de création peut-être, sûrement même) une sorte de fièvre, de folie, qui vous emporte. Lorsque le sujet vous est familier et agréable, tout glisse, les mots sortent tout seul et vous écrivez des pages, des chapitres entiers mais lorsque que vous abordez un passage difficile, plus personnel que les autres, ou que vous ne savez pas du tout pourquoi là-maintenant les mots ne sortent plus, vous faites tout pour trouver autre chose à faire qu’écrire. Cela ne veut pas dire que vous n’aimez plus écrire ou que vous n’êtes pas fait pour ça (comme le pense Cath à un moment), cela montre juste que, parfois, les choses qui valent le coup ne sont pas faciles. Et puis, ce n’est pas parce que vous repoussez le moment que vous êtes pour autant tranquille. Vos mots, vos idées, vos images, sont là incessantes et insistantes et vous devez prendre le temps de rassembler votre courage et votre force pour pouvoir les écrire.

C’est ce que j’ai aimé dans Fangirl : n’écrivant pas de fanfiction et n’ayant pas une vie familiale aussi chaotique, je me suis quand même reconnue parfois dans le personnage principal.

Marion

Article initialement publié le Lundi 4 août 2014

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