Ces adaptations que j’ai préféré aux livres!

not always better Parce que, oui, c’est possible !

Ayant fait des études de cinéma, je ne peux décemment pas déclarer que le livre est toujours mieux que son adaptation à l’écran. Je dois même avouer que cette affirmation (qui constelle la toile) m’énerve très souvent par sa mauvaise foi et sa manière de multiplier les amalgames mal venus.

Pour me faire comprendre, je vais éclaircir quelques points :

Idée qui m’énerve n°1 : « De nos jours les scénaristes n’ont plus d’idées et ne font que voler celles des écrivains ».

Non. Depuis sa naissance en 1895, le cinéma a toujours été étroitement lié à la littérature et s’en est toujours inspiré. Ce qui a profité aussi bien au septième art qu’au sixième : les œuvres littéraires adaptées se font connaître ou rappelée au souvenir des spectateurs et leurs ventes augmentent.

Grimm, Carroll et Jules Verne ont été les premiers romanciers à être adaptés, on se souvient tous du magnifique Voyage dans la Lune de Méliès sorti en 1902.

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Idée qui m’énerve n°2 : « C’est un mauvais film car ça ne se passe pas exactement comme dans le livre ».

Au risque d’enfoncer une porte grande ouverte, je rappellerai qu’un film c’est différent d’un livre.

Ce ne sont tout simplement pas les mêmes média, ils n’ont pas les mêmes formes physiques et ne peuvent donc pas contenir les idées et les messages de la même façon. Ils n’ont pas non plus la même temporalité : ce qu’un livre peut se permettre de mettre en place sur plusieurs chapitres, un film va devoir l’exposer peut-être plus succinctement. Dans l’autre sens, ce qu’un film peut suggérer facilement (par le montage ou le cadrage) devra peut-être être expliqué moins subtilement à l’écrit.

Certains changements sont nécessaires à la cohérence d’une adaptation !

Dois-je rappeler qu’aucun elfe n’intervient dans la bataille du gouffre de Helm chez Tolkien, or Jackson leur a donné un rôle majeur à ce moment-là. Considérez-vous pour autant que Le Seigneurs des Anneaux est une mauvaise adaptation ? Moi non plus !

Pour moi, une bonne adaptation c’est avant tout un bon film. Un film doit simplement se suffire à lui-même, il doit être une œuvre à part entière et quelqu’un qui n’a jamais entendu parler du livre dont il est l’adaptation doit pouvoir tout comprendre : du scénario à l’atmosphère.

Je pense qu’une mauvaise adaptation ne vient pas des changement opérés entre l’histoire originale du livre et le scénario du film mais de la perte d’éléments tels que l’ambiance, l’univers et la cohérence. Lorsqu’un livre est adapté pour faire de l’argent, juste parce qu’il est populaire, sans passion de la part de l’équipe du film, il perd son âme.

Alors au lieu de vous faire la loooongue liste des adaptations que je trouve réussies je vais un peu plus loin et vous présente certains films que j’ai préféré aux livres dont ils sont inspirés:

Transpotting de Irvine Welsh adapté par Danny Boyle

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J’ai regardé ce film au moins mille fois. J’adore les personnages, l’humour noir et la critique sociale au vitriole. Mais je n’ai pas retrouvé l’humour dans le livre qui est beaucoup plus sombre et les personnages ne sont pas attachants du tout. Ce mélange fait que je me suis émotionnellement défaite de l’histoire et que le livre ne fait pas partie de mes classiques à l’inverse du film.

Fight Club de Chuck Palahniuk adapté par David Fincher

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Dans cet exemple ce sont les rythmes narratifs qui sont différents. Là où Fincher coupe, tranche, percute, Palahniuk prend son temps et installe son récit. Chacun trouve sa façon de représenter la maladie du personnage principal et l’ambiance qui règne dans sa vie : Palahniuk par l’absence des marquages de dialogues et la répétition de certaines phrases/idées, Fincher par les images subliminales, les cadrages et les couleurs. En fait je pense que le livre était un peu dense pour moi à l’époque, du coup je ne me suis pas laissée aller dans cette spirale infernale alors que Fincher m’y a emmené rien qu’en claquant des doigts.

Practical Magic de Alice Hoffman adapté par Griffin Dunne

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Je sais que ce film n’est pas un chef d’œuvre. Je sais qu’il y a des failles scénaristiques. Mais je l’adore ! J’adore la malédiction, les vieilles tantes et la maison sur l’île. J’aime le mystère autour de cette famille et les secrets ancestraux qu’elle cache.

Et j’avais hâte de retrouver tout cela dans le livre de Hoffman. Je m’attendais à en apprendre d’avantage, comme c’est souvent le cas lorsqu’on lit le livre, et de me replonger dans cette univers fantastique ! Dire que j’ai été déçue est un euphémisme. Pour commencer, l’action ne se passe pas sur l’île, exit la vielle maison de charme et la mer, les tantes n’interviennent presque pas. Tous ces éléments sont mentionnés mais c’est tout. L’intrigue se joue en ville, dans une maison de banlieue, entre une mère, ses filles adolescentes et sa sœur. Cela ressemble plus à un thriller qu’à une histoire de sorcière. Ce n’est pas un mauvais livre du tout mais ce n’est pas l’ambiance que je souhaitais retrouver. Je pense que les scénaristes (ou producteurs du film, peu importe qui a eu la bonne idée) ont réussi à ressortir du livre de Hoffman les éléments les plus propices à créer un film de sorcières grand public. En bref, je trouve que c’est bien joué.

Games of Thrones de G. R. R. Martin adapté par HBO.

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Ici, le match est simple : je regarde CHAQUE épisode de la série le lendemain de sa diffusion US, c’est même parfois un motif d’annulation de sorties. Par contre, je n’ai jamais dépassé le premier chapitre du premier livre. Le pire c’est que je ne sais pas vraiment pourquoi. Je n’adore pas le style de l’auteur, c’est sûr, mais c’est peut-être aussi de comprendre le temps que cette lecture me prendrait !

Outlander de Diana Gabaldon adapté par Ronald D. Moor.

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Il s’est passé une chose assez étrange pour Outlander.

J’ai commencé la série sans connaître les livres et j’ai tout de suite été charmée par cette histoire d’amour, de voyage dans le temps, de highlander et de guerre. J’ai adoré l’ambiance à la fois mystique, inquiétante et fascinante, les acteurs sont bons et ne jouons pas les innocentes : Sam Heughan est super canon (Aye, Sassenach!). Mais pas que, car même le personnage de Claire est sympa, assez grande gueule pour être intéressante sans être complètement à côté de la plaque.

J’ai commencé le premier tome de la saga en attendant la sortie d’un épisode qui tardait un peu et au départ tout allait bien. Tant que le livre racontait ce que j’avais déjà vu à l’écran, je ne me suis soucié ni du style, ni de la cohérence, je repassais simplement les images dans ma tête. Puis vient le moment où le récit et les images se séparent enfin, je ne garde de la série que les visages des protagonistes et plonge totalement dans l’écriture de Gabaldon. Une noyade de deux ou trois chapitres après quoi, j’abandonne le livre. C’est comme si je m’étais pris un claque et que je m’étais réveillée : le style de l’auteur n’est pas très intéressant mais c’est surtout l’ambiance qui m’a dérangée. Moins mature, plus fangirl, comme si je lisais les fantasmes écossais d’une vieille ado. Je n’avais plus envie de suivre cette histoire à la limite du porno voyeuriste et ça m’a même fait peur pour la suite de la série : allais-je avoir un nouveau regard sur le scénario ? Allais-je trouver Claire complètement bête et Jamie rustre ?

Heureusement non ! L’adaptation est vraiment faite différemment et l’écriture plus adulte du scénario est un véritable service rendu à ces personnages et cette histoire fantastique.

UPDATE septembre 2015: Je ne sais pas vraiment quoi penser des derniers épisodes de la saison qui se rapprochent dangereusement du style de l’auteure. Toute cette violence et ce voyeurisme étaient-ils nécessaires? Ca ne me donne pas vraiment envie de regarder la suite… on verra.

Warm Bodies de Isaac Marion adapté par Jonathan Levine

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Pour celui-ci je dois avouer que ça se joue à vraiment rien. Le livre est aussi drôle, aussi sympa et aussi adorable que le film mais ce dernier est un peu plus direct sur certaines choses et évite quelques minuscules longueurs qui pourraient se trouver dans la version papier. Et puis parce que je me souviendrais toujours avoir explosé de rire pendant la toute première séquence du film alors que j’étais dans un avion. Comme j’étais la seule à entendre la voix over dans mon casque, mes voisins regardant mon écran (Nicholas Hoult qui déambule en zombie dans un aéroport désaffecté sans que rien ne se passe) m’ont prise pour une folle en se demandant ce qui pouvait bien être drôle là-dedans. Le truc étant : la bonne surprise de tomber sur une comédie auto-critique et sensible alors qu’on pensait s’infliger juste un Twilight version zombie.

Et vous? Quels sont ces films que vous avez préféré aux livres?

Marion

samedi 27 mai 2015

8 commentaires sur “Ces adaptations que j’ai préféré aux livres!

  1. Je viens de lire ton article (qui date en fait ^^)
    Je suis surpris que tu ais si peu de retours. Ceci dit je suis d’accord avec toi sur plusieurs points. Déjà, comme toi je suis féru de cinéma. Tellement de films à l’heure actuelle sont tiré de romans, nouvelles, etc. C’est ahurissant. Le talent à l’état pur d’un scénariste n’existe presque plus et c’est dommage car avec le potentiel que le cinéma possède à l’heure actuelle, il pourrait y avoir des oeuvres magnifiques.
    Je suis aussi fan de Méliès, dont le film Hugo Cabret rend hommage.
    J’ai beaucoup aimé ton article en tout cas et je lirai attentivement tes chroniques plus récentes, peut-être aurons-nous des avis similaires sur d’autres points !
    Amicalement 🙂

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      1. Merci beaucoup, dans ce cas, Marion 🙂
        Mais ce ne sera que des chroniques livresques, à moins que je ne m’épanche vers d’autres sujets sur le long terme ^^

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